«Tout ce qui n’est pas blanc, je n’en veux pas», deux agents immobiliers condamnés
« Nous sommes satisfaits car nous avons attendu ce procès pendant 13 ans, témoigne pour 20 Minutes Romain Ruiz, avocat à SOS Racisme. Il est nécessaire d’avoir des condamnations sur ce genre d’infraction car il y en a encore trop peu chaque année en France au regard de leur nombre. »
Deux agents immobiliers, un père et son fils, ont été condamnés à de la prison avec sursis pour des faits de discrimination.
Les faits qui remontent à 2006 avaient été filmés en caméra cachée et diffusé sur France 2.
Ces derniers demandaient à leurs employés de refuser les candidats qui n’étaient pas blancs.
« Tout ce qui n’est pas blanc, je n’en veux pas ». Ce mercredi, le tribunal d’Evry a condamné deux agents immobiliers de Palaiseau dans l'Essonne pour discrimination. Guy A., le père, a écopé de quatre mois de prison avec sursis et son fils, David A., de deux mois avec sursis. Les deux cogérants doivent verser 2000 € à l’une des victimes ainsi que 4000 euros (solidairement) pour dommages et intérêt et 500 euros (chacun) pour frais de justice à la Maison des Potes - Maison de l'Egalité, la LICRA et SOS Racisme. Les trois associations s’étaient constituées partie civile dans cette affaire qui remonte à 2006.
A cette époque, c’est une employée de leur agence qui avait la première rapporté les faits. Lors de son premier jour de travail, son patron lui avait expliqué comment choisir les dossiers : « Je vous préviens tout de suite, je ne veux pas de locataires “blacks”, pas d’Arabes, pas de “japs”, tout ce qui n’est pas blanc, je n’en veux pas. »
Elle avait alors décidé de le filmer en caméra cachée. Sur les images ensuite diffusées sur France 2, on voyait l’employée le pousser à confirmer ses consignes « au niveau de la ségrégation ». « Oui… Oui », répondait l’homme, aujourd’hui à la retraite. A la barre du tribunal correctionnel, il a refusé de s’exprimer sur cette vidéo.
Selon la procureur, dans ce dossier « essentiel » - jugé 13 ans après les faits, après deux non-lieux et des magistrats « qui ont peut-être manqué de courage », des locations ont été refusées à des « candidats sérieux » qui gagnaient bien leurs vies et avaient de bonnes garanties.
Cependant les deux associations considèrent que la condamnation reste encore minime face à ce phénomène très répandu. « Il y a quelques années, le département de l’Essonne a financé une étude qui avait révélé, grâce à des testings, des faits de discrimination dans 30 % des agences immobilières testées, rappelle l’avocat de SOS Racisme. La discrimination locative est malheureusement très dure à prouver. »